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Affaire Auradou-Jegou : le parquet argentin recommande le retour en France des deux rugbymen accusés de viol

Le parquet argentin de Mendoza a recommandé le retour en France d’Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux rugbymen du XV de France accusés de viol en Argentine depuis près de deux mois, a-t-il annoncé lundi 2 septembre. Le parquet « a autorisé la sortie du pays, pour qu’ils puissent voyager en France », mais leur sortie « concrète et effective » reste suspendue à une audience qui doit se tenir mardi, durant laquelle doit se prononcer une juge des détentions et libertés, a déclaré à des journalistes Martin Ahumada, porte-parole de la justice provinciale.
Le procureur « a autorisé le départ du pays, mais, sur le plan procédural, nous devons attendre l’audience de demain pour le concrétiser » ou pas, a ajouté M. Ahumada. Cette audience, prévue mardi à 11 h 30 au pôle judiciaire de Mendoza, doit valider des résultats d’expertises psychologiques, l’un des derniers actes de procédures attendus. S’il y a une extension des expertises – que sollicitent les avocats de la plaignante –, « nous verrons s’ils doivent être ici ou non. S’il n’y a pas d’extension, l’autorisation de quitter le pays sera définitivement accordée », a-t-il expliqué.
L’accord de principe donné par le parquet au départ des joueurs du territoire argentin est également « assorti de règles », a précisé M. Ahumada : « Par exemple, ils doivent se présenter s’ils sont convoqués au consulat d’Argentine en France, doivent établir une adresse réelle et virtuelle, et doivent se présenter à Mendoza [ville située à 1 000 kilomètres de Buenos Aires] si cela leur est demandé. »
Oscar Jegou et Hugo Auradou, 21 ans tous les deux, sont inculpés de viol aggravé car en réunion, dans la nuit du 6 au 7 juillet sur une femme argentine de 39 ans, dans une chambre d’hôtel de Mendoza – à 1 000 kilomètres de la capitale, Buenos Aires –, où le XV de France venait de disputer un test-match contre l’Argentine.
La victime présumée, qui avait rencontré les joueurs en boîte de nuit et avait suivi l’un d’eux à l’hôtel, dit avoir subi des viols et des violences dans leur chambre. Les inculpés reconnaissent une relation sexuelle, mais affirment qu’elle était consentie et nient toute violence. Les deux joueurs du XV de France avaient été écroués après leur arrestation le 8 juillet 2024, puis placés en résidence surveillée le 17 août à Mendoza.
Considérant que les « éléments suffisants n’ont pas été réunis » pour justifier le maintien en résidence surveillée des rugbymen français, le parquet de la province de Mendoza avait décidé de les remettre en liberté, lundi 12 août, tout en les plaçant sous contrôle judiciaire, les obligeant à rester Argentine tant que l’instruction se poursuit. Les deux joueurs ont récupéré leur passeport et ont quitté Mendoza pour Buenos Aires. Vendredi, leurs avocats avaient demandé à la justice de lever l’interdiction qui leur était faite de quitter le pays.
Potentiel tournant dans le dossier, les avocats de la plaignante ont déposé, lundi, une demande de récusation des procureurs chargés de l’enquête pour, selon eux, « violence mentale et manque d’objectivité ». Listant une série de griefs et manquements dans l’enquête, ils ont accusé les magistrats d’avoir « jugé au lieu d’enquêter ».
Les avocats, qui anticipaient un feu vert imminent pour un départ des joueurs d’Argentine, déplorent dans leur argumentaire qu’« ils vont être récompensés par une autorisation à retourner dans leur pays (…) reprenant le cours de leur vie normale, tandis que la plaignante souffre de préjudices irréparables ». Après une tentative de suicide il y a dix jours, celle-ci reste hospitalisée, ont-ils rappelé.
A l’issue d’une audience ad hoc lundi, le ministère public de Mendoza a débouté la demande de récusation, arguant dans un communiqué que « l’hypothèse alléguée, c’est-à-dire la perte d’objectivité des magistrats impliqués, n’a pas été prouvée » par les requérants.
L’avocat français des joueurs, Antoine Vey, avait dénoncé dans la demande de récusation « une énième manœuvre dilatoire, [qui] ne change en rien la phase du dossier », ni « les éléments de fond ».
Aucune date n’a encore été fixée pour un examen de la demande de non-lieu, mais celle-ci pourrait intervenir dans un laps de quelques jours.
Le Monde avec AFP
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